Une nasse irradiante sise dans un monde flottant, semblable à quelque phare immatériel, propose aux regards des voyageurs une bienfaisante sensation. L’œuvre de Jean-Bernard Metais s’inscrit dans une présence physique et irréelle, elle distille sa lumière semblable à une source inépuisable et guide le voyageur durant sa route. Le rapport au paysage semble fonctionner d’un côté comme une présence, de l’autre comme un artefact susceptible de l’absorber. Cette fontaine aux couleurs changeantes en fonction des saisons, du roulis marin et du vent absorbe et restitue l’intensité lumineuse. Elle fonctionne comme une entité technique dont le but ultime est somme toute qualifiable de magique. Une lanterne à images car il s’agit de transporter le passager de cette ligne de TRAM dans un nouvel espace, familier mais étonnant qui le délassera des tracas quotidiens, pour le conduire à la réflexion ou à la rêverie. Cette forme toute en courbes offre un espace libéré des angles droits qui symbolisent l’agressivité du monde moderne. Son rapport à une forme organique l’inclut d’emblée dans une réflexion liée à la douceur, à une certaine rotondité synonyme d’apaisement. Une fleur posée sur l’eau, comme un nénuphar rayonnant qui absorbe le stress humain et restitue l’apaisement. Le caractère dépouillé de cette sculpture allie une esthétique contemporaine avec des préoccupations immémoriales liées à la méditation. Elle semble à la fois active de par son rayonnement et passive de par sa lumière vibratoire. On connaît depuis longtemps les effets bienfaisants de la lumière, et plus particulièrement en Norvège, qui permet de ressourcer l’individu et de remettre à l’heure son horloge interne. Cette œuvre d’art possède donc une capacité ergonomique propre à dépasser le genre trop connoté de la sculpture monumentale. Elle s’inscrit dans une mémoire collective du déplacement et de la circulation comme l’image des drakkars vikings. Son immobilité n’est qu’apparente puisque le point de vue du voyageur change en fonction du déplacement de la rame. Fanal apaisant des âmes tourmentées, elle se veut annonciatrice du voyage intérieur, celui qui privilégie l’imagination du spectateur.

Christian Skimao

Le pêcheur de lumières, capteur de songes
L’aspect urbain et sauvage du site, l’entre-deux mondes «cité en nature» de Florida a déterminé
fortement mon approche artistique. L’œuvre tout entière est vouée à la métaphore et à la rêverie, à la connexion au site et aux êtres qui vivent ici. Cette construction semi-transparente absorbe le site sans l’occulter, se stratifie dans le lieu, épouse le paysage alentour par empathie et transparence. J’ai voulu ici, en un seul mouvement attraper le regard et les songes des passants; l’œuvre s’apparente à une lanterne magnétique qui guide et apaise doucement le voyageur et le site. Totémique de par son implantation face à la station de tram, l’œuvre est une sorte de maison flottante, nutopique, avec une résille formée de réseaux courbes qui convergent ensemble grâce à trois cercles définis pour l’espace dans lequel elle s’inscrit. La pièce est flottante, phosphorescente, autonome, lumineuse; une forme aux contours polysémiques renvoyant au monde minéral, végétal et organique. Une embarcation créée pour des voyages utopiques, une construction faite d’apparitions et de disparitions, miroir de notre monde en mutation et en perpétuel devenir.
JBM juillet 2010